Sarah est partie en Côte d'Ivoire en 2019-2020
Ça fait seulement trois semaines que je suis là, mais j’ai l’impression que ça fait plus d’un mois. Le temps passe vite parce qu’on prend le temps de vivre pleinement et du coup on fait beaucoup d’activités.
Tout d’abord je vie dans un foyer, avec une vingtaine de filles âgées de cinq à dix-huit ans. Je ne connais pas leur vécu. Mais par rapport à la pauvreté que j’ai pu constater, je me doute de pourquoi elles ont été placées dans ce foyer. En tout cas, elles sont très joyeuses, la plupart du temps nous chantons, nous dansons et nous jouons. Les voire rigoler à en pleurer remplit mon cœur de joie. La journée j’aide les institutrices et les professeurs dans l’école de la communauté. C’est une très grande école. Les études sont du CP au BAC professionnel. Les enfants sont très nombreux dans les classes mais on voit qu’ils ont vraiment envie d’apprendre. J’apprends à cuisiner avec les filles du foyer ou la cuisinière de l’école. Leurs codes de cuisines sont vraiment différents de celles que je connais. Et c’est toujours un plaisir d’apprendre et de leur expliquer ce que je connais.
Le dimanche c’est un jour de fête, on a des messes très festives et il y a toujours pleins d’enfants du quartier qui se retrouvent dans la communauté des salésiens.
Enfin je ne sais pas tout à fait quoi vous dire car il y a tellement de chose à dire. J’apprécie découvrir ce pays, cette culture, ces filles, cette école et tout ce qui entoure mon volontariat. Chaque soir avant de dormir je me demande à quoi va ressembler ma prochaine journée.Bientôt 2 mois...
Voilà bientôt 2 mois passés ici... Le sentiment d’être là depuis longtemps et en même temps, le sentiment de ne pas encore beaucoup connaître... L’arrivée à l’école maternelle s’est bien passée... Les enseignantes m’ont bien accueillie. J’ai essayé dès la première rencontre de les mettre à l‘aise : elles étaient plutôt gênées face à la « vazaha » (= étranger en malgache). Peu à peu, des liens de confiance et d’amitié se tissent : les enseignantes sont demandeuses et contentes de ce que nous faisons ensemble. J’essaie tout en tenant compte de la manière d’enseigner ici, de leur proposer peu à peu d’autres façons de faire, d’autres contenus...
Voici la classe des PS (petite section) : ils ne sont pas très nombreux (28 !) Les premiers jours quand j’arrivais, 2 ou 3 se mettaient à pleurer très fort... Maintenant, je peux entrer sans perturber le déroulement de la classe... Mieux : C’est l’enfant qui hurlait en me voyant, qui vient maintenant ouvrir la porte pour me permettre d’entrer !!! Je suis avec Fifalihana une jeune qui se prépare à devenir religieuse. Elle m’a accompagnée pendant 10 jours pour améliorer son français... Elle a bien progressé et m’a bien aidée lors de mon démarrage pour transmettre les consignes aux enfants !
L’enseignement ici est souvent magistral. Tous les enfants répètent ensemble une phrase avec la notion à retenir : Ceci dès la PS. J’essaie peu à peu d’introduire du matériel pour manipuler, pour créer, pour développer la réflexion.... Ma 1ère difficulté est de créer du matériel avec pas grand-chose... car ici, rien n’est jeté, tout est récupéré ! Cela me permet de développer mon inventivité... !!! Lorsque j’ai demandé si je pouvais prendre les bouchons des bouteilles, la sœur m‘a gentiment répondu que ces bouteilles, elle les donnait à une dame pauvre qui les revendait. J’ai été très contente quand on m’a permis de récupérer des pots de yaourt et des boites de vache qui rit !!! J’ai fait mes premiers achats sur les étals qui bordent les rues que je traverse pour me rendre à l’école... Des graines pour trier, compter... des corbeilles pour pouvoir ranger, des petites voitures pour démarrer une activité de graphisme avec les PS (Ils avaient plein d’étoiles dans leurs yeux en me voyant sortir ces petites voitures !!! C’était très touchant... ) Les GS sont 53...! Les MS sont environ 45... !
L’autre difficulté est la communication. Les premiers temps dans notre travail avec les enseignantes de maternelle (elles sont 4) je ne savais jamais si nous nous étions bien comprises. Si je donnais un choix : ‘’ceci ou cela ?’’ j’obtenais fréquemment la réponse ‘’OUI’’... ! J’avais souvent l’impression de faire 2 pas en avant (je me réjouissais) et le lendemain un pas en arrière !!! C’est un chemin de patience, de Confiance, d’Espérance... Je pense que de part et d’autre, de beaux efforts sont faits pour collaborer ... De beaux signes de fraternité, m’encouragent : le premier jour de grosse pluie, j’avais laissé mon imperméable à la maison, le temps s’était vraiment rafraichi une des enseignantes m’a prêté son imperméable car elle en avait deux ! Un autre jour alors qu’il y avait une conférence en malgache, 2 collègues m’ont fait de la traduction pour que je puisse comprendre en partie. La 4ème collègue m’a invitée à entrer dans sa toute petite maison... Au bout de ce mois de travail ensemble, je vois les avancées. Je vois bien aussi le chemin à parcourir !!! . Chaque lundi après midi, j’aide 3 professeurs du collège à progresser en français. Nous avons de belles discussions ... J’ai aussi de temps à autre, l’occasion de parler avec des jeunes qui souhaitent améliorer leur français... Ces échanges me permettent de découvrir peu à peu ce pays ainsi que les espoirs, les rêves, les difficultés voire la révolte, la lassitude de ses habitants... De beaux partages, source de JOIE... durant lesquels cependant, j’essaie de rester attentive à ne pas blesser ou choquer par mes paroles... Ce n’est pas toujours gagné !!! Tout neuf : ce samedi après- midi, 2 collègues enseignantes en maternelle et une dame de service, m’ont emmenée au marché pour chercher des choses qui nous manquaient... Nous avons terminé en partageant un gouter !!! Pour 2 d’entre elles, c’était une soupe : ) La différence culturelle est bien présente dans différents domaines... L’autre grande difficulté est la communication avec les enfants : Au début, quand je leur donnais une petite consigne en quelques mots en montrant bien ce que je voulais, ils me regardaient avec de grands yeux et ne faisaient rien !!! Heureusement, c’est à ce moment-là que Fifalihana a commencé à m’ accompagner, elle leur disait 2 mots et toutes les petites mains se mettaient à l’œuvre !!! Généralement, je donne beaucoup d’importance au dialogue pédagogique pour comprendre où en est l’enfant, comment il fonctionne intellectuellement, sa façon de travailler mais là... !!! C’est parfois très frustrant... ! (Heureusement, j’avais apporté un petit peu de matériel...) Lorsque l’un d’eux me dit une phrase ou deux en malgache et que je lui réponds en français que je ne comprends pas ce qu’il me dit, je lis beaucoup d’interrogation dans ses yeux... accompagné parfois d’un large sourire...! Ceci dit alors que j’entre dans la cour, les enfants arrivent par groupe : ‘’Bonjour Madame Chantal’’ en me tendant leur petite main pour me dire bonjour... Ceci dès 3 ans : Ici on ne donne pas de bises.
Je suis très touchée lors- que à l’heure du goûter, une dizaine d’ enfants viennent m’apporter un biscuit entier ou... un petit morceau ... ! Je vous montre de larges sourires d’enfants mais une petite fille a toujours les sourcils froncés. Je ne l’ai encore jamais vu sourire ... C’est la 1ère fois que je rencontre cela...
Je conclurai en partageant qu’ en envisageant ce voyage, j’ai OSE LA CONFIANCE...
"Vous ne connaissez pas encore l’hospitalité malgache ?
Pourquoi partir si loin, alors qu’il y a tant à faire autour de soi ? Il ne faut pas chercher de réponse à cette question, mais écouter son être profond, tout simplement. C’est ainsi qu’un soir, interpelé par ma fille Blandine qui est une ancienne volontaire du Vides, j’ai réalisé que j’avais enfoui au fond de moi une aspiration de découvertes, de rencontres et de services auprès d’une population en situation de précarité. Et c’est ainsi que je me suis retrouvé début novembre2019 à Ambohidratrimo (banlieue de Tananarive), pour trois mois, accueilli dans une communauté salésienne. Christine, ma femme, est restée en France."Vous donnerez des cours de français aux novices et pré novices, et aussi des cours de menuiserie dans notre centre de formation. Et ne vous inquiétez pas, avec de la bonne volonté tout se passera bien ".
Et c’est vrai que tout se passe bien, mais pas exactement comme prévu : J’ai réalisé au bout d’un mois qu’il était compliqué voire impossible d’enseigner la menuiserie à des jeunes qui ne parlent pas le français. Et essayer de s’intégrer dans un cursus de formation de 3 ans (CAP) alors que l’on ne reste que 3 mois n’a pas vraiment de sens.
Je m’investis donc davantage que prévu dans les cours de français auprès des jeunes salésiens, et cette cohabitation est une grande joie. J’ai pratiquement l’âge de leurs grands-pères, et c’est peut-être pour cela qu’il y a beaucoup d’attentions de leur part et de complicités aussi.
Et puis je découvre peu à peu la réalité malgache. La pauvreté bien sûr, mais aussi la qualité de l’accueil, les sourires, la beauté des personnes et des paysages. Pendant mes temps libres, mes promenades me font rencontrer toutes sortes de personnes : parfois juste un sourire : « Salama ! », parfois une invitation à passer le seuil de la maison...
J’ai pu rencontrer à plusieurs reprises une centaine de jeunes de 8 à 18ans enfermés dans un « centre de rééducation pour mineurs ». Triste réalité, tristes perspectives pour des jeunes qui auraient davantage besoin d’accompagnements, et de soutiens psychologiques et affectifs : dans quel état sortent-ils ?
Mais j’ai vu aussi de belles réalisations : Un ami franciscain a créé une association (ASA) de réinsertion de familles Sans-Abri de Tananarive : après 3 ans de resocialisation/formations, ces familles se voient offrir une terre ( avec outil de travail) et une petite maison dans des « villages de migration » situés en plein cœur du pays. Il y a aujourd’hui une trentaine de ces villages. J’ai pu passer Noël avec ces familles, quelle joie de rencontrer ces belles personnes fières de me montrer leur maison et leurs cultures, et ces enfants pétillants de vie !
Vous ne connaissez pas encore l’hospitalité malgache ? Il y avait plus de 1000 personnes à la messe de Noël + un français, moi : Eh bien, l’homélie a d’abord été prononcée en français, puis en malgache.
- « Pourquoi en français alors que ces personnes, pour la plupart, ne comprennent pas le français ? »
– « Mais c’était pour vous ! » Une homélie pour moi tout seul...
Je vis aussi ces trois mois comme un temps de belle solitude et de ressourcement spirituel : je suis partout repéré comme Vazaha, c'est-à-dire étranger ; et français de surcroit, donc forcément riche. Il me faut l’accepter, je ne suis et ne serai jamais l’un des leurs. Je suis chez eux, donc leur hôte, je ne dois pas l’oublier.
Mais un étranger accueilli avec autant de gentillesse, faisons-nous aussi bien en France ?
"Mon VIDES se passe superbement bien, je suis vraiment heureux de vivre dans une communauté avec tant de nationalités différentes. Je passe la plupart de mon temps à chercher les différences culturelles entre chacun d’entre nous. Par exemple, la dernière on s’amusait à comparer le bruit que fait un oiseau. Je me rappelle seulement que de la manière anglaise (tweet-tweet) par rapport à la manière française (cui-cui).
L’ensemble des retraites que l’on fait avec Savio House sont à Bollington. Cependant, avant les vacances de Noël nous sommes allés à Castleton dans une auberge de jeunesse pour faire une retraite spirituelle (comme nous avons l’habitude de faire) avec un format de cinq jours au lieu de deux. Cela, nous a permis d’aller en profondeur avec les jeunes qui étaient en dernière année de « College », l’équivalent de la Terminale (en France). L’originalité de cette retraite ; a été le fait de la commencer avec le visionnage du film The Greatest Showman qui mets en avant la différence des uns et des autres. Ce fut le fil conducteur de notre retraite qui était sur le thème de la diversité. Et, il faut préciser que l’équipe était encore plus diverse que d’habitude. Comme nous n’étions pas assez nombreux à Savio House pour animer, Martin le responsable de la communauté a donc fait appel à Sr Gill qui est une FMA (Sœur Salésienne) en Ecosse ainsi que deux volontaires qui travaillent avec cette communauté (une égyptienne et une ukrainienne).Cette retraite fut aussi un moment important pour moi puisque n’ayant pas assez de volontaires, je ne pouvais pas être en binôme avec un autre volontaire de la communauté. J’ai donc pris mon courage à deux mains et j’ai finalement réussi à animer un groupe d’une quinzaine de jeunes, seul. Ce que j’étais content ! Je reste très marqué par l’attitude de bienveillance que mon groupe a eu à mon égard. Certains d’entre eux m’ont expliqué qu’ils étaient impressionnés que des jeunes comme moi et les autres volontaires s’engagent auprès des jeunes et en plus de cela en n’ayant l’anglais comme langue maternelle.
J’ai d’ailleurs trouvé ces jours merveilleusement forts puisque chaque jeune était bienveillant envers son camarade. Cela faisait vraiment longtemps que je n’avais pas vu de si belles choses. L’équipe enseignante qui accompagnait les jeunes était à leur écoute et il y avait un vrai lien de proximité (la méthode anglosaxon). Les professeurs avaient, d’ailleurs organisé une soirée festive comme une sorte de one man show. Chaque personne qui souhaitait montrer ses talents pouvait le faire.
Ce fut du pur bonheur : la pédagogie salésienne à l’état pure."